Ce que je vis de Tijuana ressemblait à ce que j'en attendais. L'activité était frénétique et permanente. Je connais ces ambiances latines où l'on vit autant sinon plus sur les trottoirs que dans les maisons.
- Comme je te l'ai expliqué amigo, on va s'installer chez un cousin. Il a une maison tranquille dans un quartier bourgeois. C'est une très belle maison. Avec piscine.
Je ne me souvenais pas qu'il m'ait expliqué tout ça mais peu importait. J'avais besoin d'un endroit calme pour écrire et préparer mes sorties.
- On a la maison pour nous. Le cousin est parti pour un moment.
Je l'interrogeai du regard.
- Il est en prison. C'est une injustice bien sûr.
- Bien sûr, dis-je. Tu as beaucoup de cousins en prison ?
- Non. Mais assez pour t'en faire rencontrer quelques uns.
Rafael ralentit la voiture devant une large porte de bois qui s'ouvrit automatiquement devant nous. Nous passâmes le porche et entrâmes dans une cour couverte de gravier et dans laquelle trônaient une Porsche, une Acura et un SUV Mitsubishi noir aux vitres teintées. Deux hommes aussi larges que hauts nous attendaient devant une longue maison blanche.
- Tes cousins je suppose ?
- Non, des amis d'enfance.
Rafael descendit du pick-up. Je fis comme lui. Il alla vers les deux hommes qui n'avaient pas bougé et les serra dans ses bras. Je m'approchai et leurs tendis la main. Ils la serrèrent en souriant.
- Bienvenido francés !
- Gracias.
- Je te présente Hector et Jaime. Ce sont des jumeaux, comme tu peux le voir.
Ils ne se ressemblaient pas du tout mais je ne dis rien.
- Ils vont nous accompagner partout où nous irons. C'est plus sage.
Nous entrâmes dans la maison. C'était un plain-pied sans décoration mais meublé comme dans un magazine. De grands murs blancs et, dans le salon, une immense baie vitrée qui donnait sur la piscine.
- C'est une piscine olympique ? demandai-je mais personne ne répondit.
- Tu as la grande chambre, par là, m'indiqua Rafael.
Je le suivis et vins déposer mes affaires dans une chambre aussi grande que mon appartement de Beverly Glen. Là aussi j'avais droit à une immense baie vitrée avec vue sur le bassin.
- Ça ira pour toi ?
Je fis oui d'un signe de tête. Et ressortis.
- Tu veux te reposer ? Tu veux manger ?
- Non ça va. Toi ?
- Je vais manger quelque chose. Ici la nourriture est exceptionnelle. Tout est préparé par une femme qui cuisine mieux que les meilleurs chefs français ! Et puis c'est de la vraie nourriture, celle qui tient au corps.
Nous allâmes dans la cuisine où un festin nous attendait. Rafael mangea. Des tortillas remplies de haricots et de viande avec quelques piments qu'il accompagna de deux ou trois bières.
- C'est toujours toi qui va conduire ?
- Ne t'inquiète pas. Je ne suis pas bourré. Il m'en faut plus.
Je ne mangeai pas. Je retournai dans la chambre préparer mon matériel. On allait partir. Je m'allongeai sur le lit en attendant que Rafael finisse son goûter. Il vint me chercher une demi-heure plus tard.